This is not a love song, Jean-Philippe Blondel
Jusque là, je n'ai jamais rencontré un grand succès avec les livres de cet auteur. Mais à force de lire un peu partout que This is not a love song était différent, et de voir tous les avis positifs, j'ai eu envie de m'y mettre.
Caro[line] me l'a gentiment prêté et si je n'étais pas allé à la rencontre dédicace de ce cher monsieur (pour en savoir plus, faites un tour par là...), je n'aurai pas mis ce livre sur tout en haut de ma PAL.
Car, tout comme Philippe Claudel a une salle d'attente remplie de personnages qui attendent qu'on raconte leur histoire, la mienne est remplie de personnages qui attendent d'être lus. Mr Darcy a pris pas mal de temps mais Vincent a su rester patient. ;-)
Vincent n'est pas quelqu'un de très sympathique (dixit Jean-Philippe Blondel lui même). Il a fui la France où il était plus ou moins un bon à rien qui enchaînait les petits boulots pour se rendre en Angleterre, avec Susan, sa future femme.
Vincent est devenu quelqu'un qui a réussi, marié, deux enfants, toujours amoureux après 10 ans de mariage, et qui commence à faire fortune avec ses fast-foods de luxe.
Et puis un jour sa femme lui suggère de partir chez ses parents une semaine, alors que ça fait 10 ans que Vincent ne fait que des passages furtifs là bas, qu'il a largement perdu le contact avec ses amis et qu'il n'aime pas la vie là-bas.
Je dois dire que les conditions dans lesquelles j'ai lu ce livre sont très étranges.
Premièrement, j'en avais ententu parler de façon très précise mardi dernier (ce qui était d'ailleurs assez dérangeant, ne l'ayant pas encore lu!).
Ensuite, et surtout, je l'ai ouvert dans le simple but de réussir à dormir. J'avais une migraine depuis 24h, il était 2h du matin, et cela faisait plus de 2h que j'essayais de me rendormir. Sauf qu'à force d'essayer de dormir, mille et une choses sont venues s'ancrer dans ma tête déjà prête à exploser à cause de cette foutue migraine...
Et j'ai pensé à cet "ami" qui nous a lâchement abandonné ma soeur jumelle et moi cet été. J'étais très énervée contre lui, ça m'empêchait encore plus de m'endormir vu la rage qui commençait à monter en moi.
J'ai beau avoir mis de la musique classique pour m'apaiser, rien à y faire.
Alors je me suis dit que j'allais ouvrir un livre, lire une trentaine de pages et que ça me fatiguerait les yeux et qu'enfin, je pourrai m'endormir...
Et puis j'ai ouvert le livre et je me suis souvenu au fil des pages, de cette histoire d'amitié qui en émergeait, bien que tout ça ne soit pas une chanson d'amour. Cette histoire de faux frère, de frère.
J'ai lu le livre d'une seule traite, toujours avec la musique classique en fond.
J'ai souri à certains passages clés qui ont été abordés lors de la séance dédicace.
Vincent ne m'a même pas énervée. Je savais déjà qui il était. Il m'a même attendri dans la deuxième partie. Quoique j'ai trouvé la fin un peu étrange...
J'ai beaucoup aimé le style utilisé dans ce roman.
Vincent passe sept jours chez ses parents et le livre est décomposé en "dimanche", "lundi" etc... Sauf qu'on passe de dimanche à mardi et Vincent nous explique que c'est parce qu'il ne veut pas se souvenir de lundi.
Je trouve ça pertinent.
Dans la deuxième partie surtout, et vers la fin, Jean-Philippe Blondel utilise des phrase hachées. Des phrases qui ne sont que des mots en fait. Ca rend une impression d'émotions fortes, de ne plus savoir où on va, d'être dans le flou total, et en même temps que tout va à une vitesse incroyable.
C'est même parfois dur de suivre.
J'ai trouvé le style vraiment différent de 1979 et d'Accès direct à la plage et je me suis beaucoup plus retrouvée dans cette histoire d'amitié, cette histoire d'amour.
Je ne sais pas si j'ai su apprécier ce roman parce que j'avais eu des éléments abordés par l'auteur pour mieux le comprendre.
Je ne sais pas si j'ai su autant l'apprécier parce que juste avant de l'ouvrir, j'étais incapable de penser à autre chose qu'à cet "ami" qui en plus de m'avoir fait du mal, a fait du mal à ma soeur jumelle. Et, alors que l'histoire de Vincent n'a absolument rien à voir avec la mienne, j'ai eu le sentiment qu'on me tenait la main, qu'on me disait quoi faire. J'ai eu un peu l'impression de lire mon histoire à travers celle de Vincent.
Je ne sais pas non plus si j'ai su l'apprécier parce qu'au lieu de me donner envie de dormir, ce livre m'a donné envie de vivre.
En tout cas, j'ai refermé This is not a love song sans migraine et presque avec une larme à l'oeil.
Et pourtant, j'ai été légèrement dérangée par la fin. Simplement parce qu'au cours du roman, Vincent se montre plus humain, plus vulnérable en tout cas. Et puis avec la fin, c'est comme si on se rendait compte qu'en fait, non, sa vraie personnalité est bien d'être quelqu'un de ne pas très sympathique, d'arrogant.
C'est dommage à mon goût.
Mais voyez-vous, ça ne m'a absolument pas empêché de trouver ce roman absolument magnifique. Et j'ai même envie de donner un autre coup d'essai à cet auteur, qui est d'ailleurs très sympathique et accessible, avec par exemple, Passage du gué.
PS : Merci Caro[line] de me l'avoir prêté!