La porte des Enfers, Laurent Gaudé
Matteo a perdu son fils de six ans, Pippo, lors d'une fusillade dans les rues de Naples. Sa femme, Guiliana ne peut plus vivre ainsi. Elle demande à son mari de venger son fils ou bien de le lui ramener.
Matteo, incapable de venger son fils, erre dans les rues de Naples, toute la nuit, au volant de son taxi.
Une passagère, Graziella, qui préfère qu'on l'appelle Grace pour faire plus américain, monte un soir dans le taxi de Matteo. Elle n'a pas d'argent pour payer sa course mais lui propose d'attendre dans un café, toutes les consommations seront pour elles.
Matteo rencontre alors des personnages étranges, à la fois légèrement angoissant dans leur allure et pourtant si touchant et si attachant.
Il y a Garibaldo, qui sait faire le café comme personne.
Il y a le professore, sans qui rien de tout ça n'aurait pu arriver. Que tout le monde a toujours pris pour un fou mais à qui Matteo et les autres s'accrochent pour vivre avec leurs morts.
Il y a don Mazerotti, le prêtre de l'église d'en face, rejeté par le Vatican car il laisse les sdf, les prostituées et les travestis sur les bancs de son église...
Et il y a Grace bien sûr...
C'est vraiment un très très bon roman que nous offre là Laurent Gaudé. Je n'avais encore jamais rien lu de lui. Je vais y remédier rapidement.
L'atmosphère ici est très lourde et légèrement fantastique.
On a du mal à comprendre au début, ces allers-retours de 2002 à 1980, ce Pippo qui nous parle à la première personne, qui nous parle de sa deuxième naissance et de sa première mort. Et petit à petit, tout s'explique.
Et comme Matteo et ses compagnons, on y croit.
Pourquoi ?
Parce qu'on a besoin d'y croire.
Parce que la manière dont Gaudé dépeint les morts, dépeint la vie des morts semble si juste... Même si personne n'en saura jamais rien, la peinture de l'Enfer par Laurent Gaudé me semble être la bonne.
Il nous dit à la fin du livre qu'il a écrit ce roman pour ses morts à lui.
Je trouve que c'est le plus bel hommage qu'on puisse rendre à ceux qu'on a perdu, et qu'on aime encore, et à qui on pense encore même si parfois, la vie fait que l'on n'y pense plus trop, ou que l'on y pense moins.
Laurent Gaudé nous livre là un roman très fort en émotion, très optimiste dans toute la noirceur qu'il y dépeint. Un roman parfait je crois, sur lequel je n'ai rien à redire, aucun bémol à ajouter.