L'autre comme moi, José Saramago
J'ai découvert José Saramago, prix Nobel de la littérature 1998 avec L'aveuglement. Et j'ai tellement aimé que j'en ai ouvert ce blog !
Je me suis donc plongée avec plaisir à nouveau dans l'univers de cet auteur portugais.
Tertuliano Màximo Afonso est professeur d'Histoire. Un jour, son collègue professeur de Mathématiques lui suggère de voir un film dont le titre est Qui cherche trouve, un film qui est loin d'être un chef d'oeuvre mais qui divertira Màximo pendant 1h30.
En visionnant ce film, ce dernier se rend compte qu'un des acteurs secondaires est son double identique. (Après avoir lu le roman, le titre de ce film a priori anodin mais qui présente quand même le point de départ de l'histoire est vraiment très pertinent!)
J'ai retrouvé le style très particulier de Saramago dans ce livre, à la fois parce qu'il se joue complètement des règles de ponctuation et de syntaxe, à la fois pour le sujet que je trouve personnellement, très intéressant.
L'aveuglement posait de manière assez dure la façon dont nous les hommes voyant, ou non, ce qu'il se passe autour de nous.
L'autre comme moi pose de manière assez drôle, le problème d'identité.
Quand on est jumeau, le problème d'identité se pose depuis le plus jeune âge. Même si ce ne fut pas tellement mon cas, ayant une fausse jumelle, mais la question est quand même venue sur le tapis.
J'ai donc été assez sensible à ce thème, raison pour laquelle d'ailleurs j'ai choisi de prendre ce titre là de Saramago et pas un autre lors de ma tournée shopping.
Il n'y a pas de supsens vraiment insoutenable dans le livre mais il y a un cheminement très intéressant, une découverte qui se fait au fur et à mesure, tout ça conté par un narrateur sur un ton qui se veut plutôt amusant et heureusement parce que sinon, ça pourrait être assez ennuyeux.
Evidemment, on se pose la question des jumeaux tout au long alors que les personnages eux, non. Pour moi, ça aurait pu être des jumeaux séparés de naissance mais pour eux, non, C'est un double. L'un ne peut être que le duplicata de l'autre.
En plus de ça, le narrateur fait souvent intervenir un personnage qu'il appelle Sens commun. Ce dernier et Tertuliano vont souvent avoir des dialogues entre eux. J'aime beaucoup cette manière de mettre noir sur blanc (et c'est le cas de le dire!) le fait que tout le monde entretient des dialogues avec soi même, consciemment ou non d'ailleurs.
Ca paraît tout simple finalement de faire en sorte que le personnage principal ait un dialogue avec le Sens commun qui n'osera pas s'inviter dans l'appartement de Tertuliano, mais on a plutôt l'habitude de voir le petit diable et le petit ange, alors ce côté là m'a beaucoup plus.
D'ailleurs, tout le côté un peu fantastique et ludique m'a énormement plu.
J'ai surtout beaucoup apprécié la fin.
Non seulement je ne m'y attendais pas du tout, mais je la trouve très juste, considérant le style de l'auteur.
C'est le 2è essai que je fais avec cet auteur portugais et je ne suis vraiment pas déçue.
Il faut s'habituer à son style, qui fait qu'on doit se concentrer pour suivre les conversations des personnages afin de savoir qui parle, mais une fois qu'on est dedans, on a du mal à le lacher.
Et puis j'aime surtout les thèmes qu'il aborde. (Celui que j'ai choisi pour mon challenge ABC est le portugal qui se détache au fur et à mesure de l'Espagne!)
Je vous livre ici deux extraits, un pour que vous vous rendiez compte par vous même la manière dont l'auteur se fout complètement des règles de syntaxe apprises à l'école et partout ailleurs, et le deuxième simplement pour souligner le style particulier du narrateur de L'autre comme moi.
"Ce fut lors d'une attente à un feu roue, pendant que Tertuliano Màximo Afonso accompagnait de petits coups rythmés avec les doigts sur le volant une chanson sans paroles, que le sens commun entra dans la voiture. Bonjour, dit-il, Je ne t'ai pas convoqué, répondit le conducteur, En fait, je ne me souviens pas que tu ne m'aies jamais prié de venir, Je le ferais si je ne connaissais pas d'avance tes discours, Comme aujourd'hui, Oui, tu vas me dire de bien réfléchir, de ne pas me fourrer dans cette affaire, que c'est d'une imprudence folle, que rien ne me garantit que le diable ne guette pas déjà derrière la porte, bref, les boniments habituels, Eh bien, cette fois tu te trompes, ce que tu vas faire n'est pas imprudent, c'est stupide, Stupide (...)"
"Conformément aux conventions traditionnelles du genre littéraire appelé roman et qui devra continuer à s'appeler ainsi tant que l'on n'aura pas inventé une désignation plus conforme à ses configurations actuelles, cette description allègre, organisée en une séquence simple de données narratives dans lesquelles aucun élément négatif n'a été introduit délibérement et artificieusement afin de préparer la mise en scène d'un contraste qui, comme le voudraient les objectifs de l'écrivain de fiction, pourrait être aussi bien dramatique que brutale ou terrifiante, par exemple un cadavre baignant par terre dans son sang, un consistoire de revenants, un essaim de bourdons furieusement en rut qui prendraient le professeur d'Histoire pour leur reine, ou, pis encore, tout cela réuni dans un seul et même cauchemar, dès lors que, comme cela a été démontré à satiété, l'imagination des romanciers occidentaux ne connaît pas de limites, tout au moins depuis Homère, déjà cité, lequel, tout bien considéré, fut le premier de tous."
PS : j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman et je lirai d'autres romans de cet auteur avec plaisir mais si je n'arrive pas à transmettre mon enthousiasme ici c'est simplement parce que Noëlle a de nouveau fait pipi sur mon - nouveau - canapé ! grrr...
Je me suis donc plongée avec plaisir à nouveau dans l'univers de cet auteur portugais.
Tertuliano Màximo Afonso est professeur d'Histoire. Un jour, son collègue professeur de Mathématiques lui suggère de voir un film dont le titre est Qui cherche trouve, un film qui est loin d'être un chef d'oeuvre mais qui divertira Màximo pendant 1h30.
En visionnant ce film, ce dernier se rend compte qu'un des acteurs secondaires est son double identique. (Après avoir lu le roman, le titre de ce film a priori anodin mais qui présente quand même le point de départ de l'histoire est vraiment très pertinent!)
J'ai retrouvé le style très particulier de Saramago dans ce livre, à la fois parce qu'il se joue complètement des règles de ponctuation et de syntaxe, à la fois pour le sujet que je trouve personnellement, très intéressant.
L'aveuglement posait de manière assez dure la façon dont nous les hommes voyant, ou non, ce qu'il se passe autour de nous.
L'autre comme moi pose de manière assez drôle, le problème d'identité.
Quand on est jumeau, le problème d'identité se pose depuis le plus jeune âge. Même si ce ne fut pas tellement mon cas, ayant une fausse jumelle, mais la question est quand même venue sur le tapis.
J'ai donc été assez sensible à ce thème, raison pour laquelle d'ailleurs j'ai choisi de prendre ce titre là de Saramago et pas un autre lors de ma tournée shopping.
Il n'y a pas de supsens vraiment insoutenable dans le livre mais il y a un cheminement très intéressant, une découverte qui se fait au fur et à mesure, tout ça conté par un narrateur sur un ton qui se veut plutôt amusant et heureusement parce que sinon, ça pourrait être assez ennuyeux.
Evidemment, on se pose la question des jumeaux tout au long alors que les personnages eux, non. Pour moi, ça aurait pu être des jumeaux séparés de naissance mais pour eux, non, C'est un double. L'un ne peut être que le duplicata de l'autre.
En plus de ça, le narrateur fait souvent intervenir un personnage qu'il appelle Sens commun. Ce dernier et Tertuliano vont souvent avoir des dialogues entre eux. J'aime beaucoup cette manière de mettre noir sur blanc (et c'est le cas de le dire!) le fait que tout le monde entretient des dialogues avec soi même, consciemment ou non d'ailleurs.
Ca paraît tout simple finalement de faire en sorte que le personnage principal ait un dialogue avec le Sens commun qui n'osera pas s'inviter dans l'appartement de Tertuliano, mais on a plutôt l'habitude de voir le petit diable et le petit ange, alors ce côté là m'a beaucoup plus.
D'ailleurs, tout le côté un peu fantastique et ludique m'a énormement plu.
J'ai surtout beaucoup apprécié la fin.
Non seulement je ne m'y attendais pas du tout, mais je la trouve très juste, considérant le style de l'auteur.
C'est le 2è essai que je fais avec cet auteur portugais et je ne suis vraiment pas déçue.
Il faut s'habituer à son style, qui fait qu'on doit se concentrer pour suivre les conversations des personnages afin de savoir qui parle, mais une fois qu'on est dedans, on a du mal à le lacher.
Et puis j'aime surtout les thèmes qu'il aborde. (Celui que j'ai choisi pour mon challenge ABC est le portugal qui se détache au fur et à mesure de l'Espagne!)
Je vous livre ici deux extraits, un pour que vous vous rendiez compte par vous même la manière dont l'auteur se fout complètement des règles de syntaxe apprises à l'école et partout ailleurs, et le deuxième simplement pour souligner le style particulier du narrateur de L'autre comme moi.
"Ce fut lors d'une attente à un feu roue, pendant que Tertuliano Màximo Afonso accompagnait de petits coups rythmés avec les doigts sur le volant une chanson sans paroles, que le sens commun entra dans la voiture. Bonjour, dit-il, Je ne t'ai pas convoqué, répondit le conducteur, En fait, je ne me souviens pas que tu ne m'aies jamais prié de venir, Je le ferais si je ne connaissais pas d'avance tes discours, Comme aujourd'hui, Oui, tu vas me dire de bien réfléchir, de ne pas me fourrer dans cette affaire, que c'est d'une imprudence folle, que rien ne me garantit que le diable ne guette pas déjà derrière la porte, bref, les boniments habituels, Eh bien, cette fois tu te trompes, ce que tu vas faire n'est pas imprudent, c'est stupide, Stupide (...)"
"Conformément aux conventions traditionnelles du genre littéraire appelé roman et qui devra continuer à s'appeler ainsi tant que l'on n'aura pas inventé une désignation plus conforme à ses configurations actuelles, cette description allègre, organisée en une séquence simple de données narratives dans lesquelles aucun élément négatif n'a été introduit délibérement et artificieusement afin de préparer la mise en scène d'un contraste qui, comme le voudraient les objectifs de l'écrivain de fiction, pourrait être aussi bien dramatique que brutale ou terrifiante, par exemple un cadavre baignant par terre dans son sang, un consistoire de revenants, un essaim de bourdons furieusement en rut qui prendraient le professeur d'Histoire pour leur reine, ou, pis encore, tout cela réuni dans un seul et même cauchemar, dès lors que, comme cela a été démontré à satiété, l'imagination des romanciers occidentaux ne connaît pas de limites, tout au moins depuis Homère, déjà cité, lequel, tout bien considéré, fut le premier de tous."
PS : j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman et je lirai d'autres romans de cet auteur avec plaisir mais si je n'arrive pas à transmettre mon enthousiasme ici c'est simplement parce que Noëlle a de nouveau fait pipi sur mon - nouveau - canapé ! grrr...