L'aveuglement de José Saramago
Que deviendrait le monde si nous devenions tous aveugle ?
José Saramago, prix nobel de littérature 1998, nous peint une vision de ce monde humain à en rester sans voix.
Aussi bien le fond que la forme m'ont profondément boulversée. Tout d'abord, passez 365 pages avec des personnages sans nom ni prénom! Notre prix nobel a réussi à trouver un moyen de nous montrer que les noms sont sans importance.
Vivez donc parmi ces 365 pages avec le médecin, la femme du médecin, le premier aveugle, la fille aux lunettes teintées, le vieillard au bandeau noir, la femme du premier aveugle et le garçonnet louchon.
De plus, José Saramago joue de nous en finissant ses phrases par des virgules! Sur plusieurs pages de ce magnifique roman, les dialogues ne sont pas comme ceux qu'on a l'habitude de lire et qu'on a appris à faire à l'école, soit "deux points, ouvrez, les guillemets et tirets"
Non, José Saramago joue ainsi :
"le médecin demanda, Où êtes vous blessé, Ici, Où ici, A la jambe..."
De simples virgules suivies de majuscules.
Très ingénieux pour nous faire perdre le fil de qui parle!
Quand au fond, ce roman est simplement magnfique. C'est à la fois une peinture de la pourriture humaine, et une peinture de la bonté humaine.
La cohabition entre personnes devenues toutes soudainement aveugles, mis en quarantaine, essayant à tout prix de survivre. Voilà comment nous en venons à voir les atrocités humaines sur lesquelles on a tous l'habitude de fermer les yeux.
Certaines parties du livres vous donnent vraiment envie de le jeter à la poubelle et de ne plus y penser. Mais nous, lecteurs, nous avons des yeux pour lire et donc pour voir. A nous de ne pas devenir aveugle.
Je n'en dévoilerai pas trop, mais bien sûr que "l'aveuglement" est une manière à nous tous de réfléchir à ce qu'on voit, ce qu'on ne voit pas, ce qu'on veut bien voir et ce qu'on ne veut pas voir.
J'ai passée une nuit entière avec les 7 personnages principaux, tous sans nom, sans yeux, sans identité avec seulement l'espoir de vivre.
Je conseille donc vivement ce bouquin, qui m'a été lui même conseillé par un portugais !
Bonne lecture ;-)