Un temps fou, Laurence Tardieu

Publié le par Emeraude

Je crois qu'il y a des artistes avec lesquels on entretient une relation particulière, sans vraiment le savoir, jusqu'à ce que leur oeuvre vous touche en plein coeur.
Que ce soit un tableau, une musique ou encore un livre, on ressent parfois une émotion si intense, une espèce de lien si intime, que rien ni personne ne peut vous en détacher...

Je crois que c'est ce que j'ai vécu à la lecture de "Un temps fou".

J'ai ouvert les premières pages et j'ai tout de suite été dans une sorte de monde parallèle. Avec les larmes aux yeux. A chaque phrase, chaque mot.
Et plus je tournais les pages, plus les mots me parlaient.

C'est un sentiment très personnel, très intime. Quelque chose qui m'a pris aux tripes. Comme lorsque Maud raconte ce qu'elle ressent lorsqu'elle le voit. Comme ce qu'elle ressent quand elle pense à cette première nuit passée avec lui...
Parce que tout ce que j'ai pu lire entre les lignes m'ont renvoyé des images de ma vie. Des souvenirs, des rêves, des éléments un peu cristalisés dans mon cerveau.
Des souvenirs tout doux.... des souvenirs d'une seconde, d'un regard, d'un frôlement, d'un battement de coeur devant un homme...

Un temps fou m'a fait tellement vibrer, j'ai ressenti un tel flot d'émotion à sa lecture que je crois ne jamais pouvoir parvenir à décrire à quel point cela m'a touchée.

Je peux m'arrêter là.
Je m'étais promis d'essayer d'écrire quelque chose de court. De précis. Mais je ne peux pas.

J'ai envie de dire que ce roman m'a donné envie de me blottir tout contre l'homme que j'aime et qui partage ma vie et de lui dire, de lui faire comprendre avec des mots simples, un regard ou une caresse que cette vie qu'on commence à deux est celle que je veux pour toujours.

J'ai envie de dire que ce roman m'a donné envie d'écrire.

J'ai envie de dire que ce roman m'a donné envie de replonger dans de doux souvenirs.

J'ai envie de dire que ce roman m'a donné envie de parler à un homme que j'aime beaucoup et que je vois très peu. Et je me suis rendue compte que lorsque j'ai lu Puisque rien ne dure, ça m'avait fait pareil.
C'est comme si la plume de Laurence Tardieu avait sur moi un effet... de douceur. Mais de douceur poignante. Quelque chose qui vient vraiment du plus profond de soi.

J'ai aussi envie de dire qu'à l'origine, je déteste ce prénom "Maud"... et pourtant, je l'ai trouvé magnifique et doux sous la plume de Laurence Tardieu.

J'ai aussi envie de dire que je trouve le titre merveilleux. Que ces trois petits mots "Un temps fou", qu'on utilise finalement souvent, prennent ici une dimension toute particulière. Comme les soirs d'hiver où on lit au coin du feu...

Je sais que ce roman ne plaira pas forcément à tout le monde.
Je sais que ce que j'ai ressenti à sa lecture est quelque chose de particulier, de personnel, d'intime.
Je sais aussi que tout ce que j'écrirai au sujet de "Un temps fou" ne pourra jamais faire passer le courant qui est passé entre ce roman et moi.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
<br /> Ton billet m'a vraiment donné envie de le lire... et c'est rare puisque je lis plus de la fantasy...<br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> eh bien ça me fait très plaisir !<br /> <br /> <br />
M
Heureusement que tu m'as signalé ce billet. J'étais passée totalement à côté. Je n'avais pas de blog alors. C'est un fil passionnant et passionné. Je vais maintenant m'empresser de lire ce livre après avoir tant aimé "Puisque rien ne dure"!
Répondre
E
<br /> Je suis ravie que ça te tente ! Comme tu peux le lire, ça m'a bouleversée !<br /> <br /> <br />
R
Je ne suis pas du tout d'accord quant au "style très particulier" de Laurence Tardieu. Je n'y vois pas de 'petite musique' singulière mais le simple usage du monologue intérieur inventé par Joyce ou Woolf. Impossible de voir quelque chose de nouveau, d'original. <br /> <br /> <br /> Cela n'est pas un reproche, entendons-nous bien. (Mieux vaut être comparé à Gens de Dublin qu'à Anna Gavalda). Une simple observation.<br /> <br /> Reger
Répondre
E
<br /> a vrai dire je n'ai jamais lu Joyce ou Woolf (mais je vais y remédier un jour ;-))<br /> Et on s'entend bien que ce n'est pas un reproche ! Encore une fois, on a tous des sensibilités et des goûts différents. Et c'est bien de les partager ! :-)<br /> Alors merci pour tes observations !<br /> <br /> <br />
R
Le "attention" venait du décalage entre l'enthousiasme profond de la libraire que me recommandait le livre et l'indifférence que j'éprouvais à sa lecture...
Répondre
E
<br /> je suis curieuse de savoir de quelle libraire il s'agit (même si je ne la connais probablement pas !)<br /> <br /> <br />
R
Attention... J'ai aussi lu ce texte - recommande lors de ma derniere visite de ma librairie d'attache - mais... Mais ce fut une lecture que j'ai failli ne pas achever. Le texte m'est tombe des mains, et j'ai du me forcer. Heureusement, apres l'heureuse page blanche, la seconde partie du texte adopte un style different, qui fait excuser le debut.<br /> <br /> Ce qui n'allait pas? Non pas cette histoire simple, pas vraiment de souci. Mais cet insupportable monologue interieur scolaire. Chaque paragraphe est identique: une phrase d'action, suivie de 15 lignes sur la pensee du personnage. Le probleme? C'est que Laurence Tardieu n'est pas le Joyce de Dublinners ou la Virginia Woold du Phare. Et que ce qui etait original, doux, coulant il y a 80 ans est maintenant... applique, scolaire, rebattu.<br /> <br /> L'action, pour autant qu'il y en ait, progresse a pas millimetrique. Une des qualites du livre: on voit bien que la narratrice projette tellement de sentiments que quoi l'homme dise, elle tombera en pamoison. Souvent celui-ci se contente de ne rien dire, et ses silences sont tout aussi efficaces. Au-dela de cela, on interpretera ces pages au choix comme narcissisme ou comme vacuite. (j'ouvre au hasard: "je me suis levee. J'ai marche pieds nus, jusqu'au salon. J'ai ouvert la fenetre. La nuit etait tiede. J'ai senti sur mon visage le souffle de l'air et c'etait comme une caresse longue, et lente, et apaisante". Reveillez-moi quand on rallume les lumieres) <br /> <br /> <br /> Je me suis demande si je ne passais pas completement a cote du texte simplement parce qu'il s'agissait d'un "roman de filles" (vous savez: comme Sur la Route de Madison, pendant lequel je m'ennuyai a mourir, tandis que ma voisine pleurait d'emotion d'un bout a l'autre). Et c'est sans doute le cas.<br /> <br /> Le texte est rattrape par sa deuxieme partie, ne serait-ce que parce que le texte reprend un peu de dynamisme. Et qu'on peut faire credit a l'auteur d'avoir appuye le trait dans son debut, d'avoir expres applique une technique d'ecriture scolaire. (malheureusement, ca ne rend pas ces 130 premieres pages plus agreables a lire...).<br /> <br /> Reger
Répondre
E
<br /> "Attention..." Pourquoi cet "attention" ????? On a tous le droit d'aimer ou de ne pas aimer un livre et je comprends bien que tu n'as pas aimé celui là car tu<br /> lui as trouvé un style scolaire. Je pense que Laurence Tardieu a un style très particulier qui  ne plaît pas à tout le monde, ça, j'en suis certaine ! Il y a une certaine sensibilité qui<br /> touche plus ou moins, voire pas du tout. J'imagine que c'est ton cas et encore une fois, je trouve ça même plutôt bien que tu le dises ici.<br /> Mais ton "attention" me paraît étrange...<br /> <br /> Par contre, j'ai cru, moi aussi en le lisant que c'était un livre de filles, mais finalement non. Je connais beaucoup d'hommes qui l'ont lu et ont aimé, ont trouvé que c'était un beau texte, ont<br /> été troublé ou ému car, comme certaines femmes qui l'ont lu (notamment moi évidemment), se sont retrouvés dedans.<br /> Alors non, objectivement, ce n'est pas un livre de filles !<br /> <br /> <br />