Clara et la pénombre, José Carlos Somoza
Nous sommes en 2006, soit un futur très proche (le roman a été publié en 2001...). Dans ce monde, l'art contemporain est devenu hyperdramatique ou HD. Les toiles sont humaines, des jeunes femmes, adolescents, enfants, et des hommes ont pour métier d'être toile ou objet décoratif...
Clara a 24 ans et a déjà été toile pour plusieurs grands peintres mais son désir le plus profond est d'être toile pour LE grand peintre du moment : Bruno Van Tysch.
Au moment où elle est recrutée par la Fondation Van Tysch, une jeune toile de 14 ans est retrouvée morte...
La thématique de ce livre est évidemment assez extraordinaire : les hommes et les femmes ne sont plus des êtres humains doués de sentiments mais sont bel et bien des objets : des toiles sur lesquelles on peint et qu'on peut exposer. Mais bien sûr, en dehors des heures de travail, Clara et les autres redeviennent ce qu'ils sont : hommes, femmes, adolescents, enfants, avec une vie privée, des envies, des sentiments, des facultés de pensées et de réfléchir comme tout un chacun...
Et si la manière dont l'art HD est abordé dans ce roman est très dérangeant, il n'en est pas moins bon.
A vrai dire, j'aime les choses qui dérangent et qui posent des questions. Et c'est vraiment le cas de Clara et la pénombre !
On se demande ici jusqu'où peut aller l'art et dans quel mesure on peut considérer que telle ou telle chose soit une oeuvre d'art et non pas un crime... Car si vous avez bien lu le résumé, il s'agit ici principalement de résoudre des crimes... même si la police intervient très peu car la fondation Van Tysch estime d'abord qu'on lui a abîmé ses toiles avant d'avoir tué des hommes...
L'intrigue policière est présente et laisse courir le suspens mais ce n'est pas tellement ça qui fait de 'Clara et la pénombre' un roman extraodinaire...
Non, c'est plutôt ce monde dans lequel nous plonge Somoza et nous fait poser tout un tas de questions sur "où sont les limites".
Une collègue à moi à trouvé ça génial. Une autre à trouvé ça très mal traduit et du coup quasiment illisible. Pour ma part, comme à chaque fois que j'ai ouvert un livre de José Carlos Somoza, j'ai trouvé ça excellent.