Magnus, Sylvie Germain

Sa mère, Théa, fait en sorte de tout lui réapprendre, de lui réapprendre sa langue, sa famille et toutes ces autres choses nécessaires que l'on apprend à un enfant.
Je me suis plongée dans Magnus avec un plaisir extrême.
J'ai adoré le début, qui nous explique que lorsqu'on raconte une histoire, on ne raconte que des fragments de l'histoire car personne ne peut se souvenir de tout. (j'en fait un résumé très gros et qui paraît fade comme ça, mais Sylvie Germain l'explique certes brièvement à la première page, mais de manière beaucoup plus délicate!)
Ainsi, les chapitres ne sont pas des chapitres, mais des fragments. Parce qu'on lit seulement quelques passages de la vie de cet enfant qui grandit, qui voyage, qui se cherche.
Entre certains fragments, l'auteur nous offre des Notules, visant à nous expliquer soit une très brève biographie d'un personnage secondaire mais au final important, soit un évènement historique.
On trouve également des Séquences, extraits d'autres livres, poèmes ou essais ; des Résonnances et des Echos, visant à nous faire revenir en arrière ; un Intercalaire qu'on pourrait aussi appeler digressions qui m'a bien amusée ; un Palimpeste ou encore une Litanie.
Au fur et à mesure, on grandit avec Franz-Georges, qui s'appelera aussi Franz, Adam et puis Magnus. On le suivra autour du monde, en quête du passé, et de l'avenir, et de l'amour.
On voudra à tout prix qu'il se souvienne, on voudrait lui prendre la main, lui lire des livres d'histoire, et faire un bout de chemin avec lui.
J'ai lu "Magnus" en une nuit. (Et pourtant, au boulot j'ai eu le temps de faire le travail de 2 personnes et demi vu qu'on est en fort manque de personnel, en plus de lire le livre en entier, de faire quelques parties de Tétris, de discuter avec mon collègue... alors n'allez pas dire que je ne travaille jamais !!)
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre.
Je trouve la plume de Sylvie Germain vraiment très belle, à la fois simple et originale.
Je suis en général toujours attiré par les livres, romans, fictions ou autres qui évoquent la seconde guerre mondiale. Ce que j'ai particulièrement apprécié dans celui-là, c'est que la guerre n'est que le point de départ. On évolue vers complètement autre chose au fil des pages et pourtant, ça reste tout autant prenant.
Magnus, c'est un ours en peluche, et c'est un homme.
Pour moi, c'est surtout une très belle et dure quête de la Mémoire. Avec un "M" majuscule. La Mémoire au côté de l'Histoire, indissociable l'une de l'autre.
J'avais été légèrement réticente au début, je ne sais plus trop pourquoi d'ailleurs. Au final, je suis ravie d'avoir passé la nuit avec Magnus et je vous le conseille vivement :-)