Les villes invisibles, Italo Calvino
Je ne sais pas par où commencer tellement il y a de choses à dire !
J'adore Italo Calvino, j'aime son esprit un peu déjanté, son côté fantastique, sa plume légèrement surréaliste, les noms loufoques de ses différents personnages, les habitudes étranges de chacun d'entre eux...
J'ai retrouvé tout ça, ou presque, en tout cas un bon petit mélange dans Les villes invisibles.
C'est un peu difficile à résumer.
Il s'agit en fait de Marco Polo qui raconte à l'empereur Kublai Kahn ses récits de voyages. Il lui parle de toutes ces villes qu'il a connues, traversées, rêvées, imaginées.
Ce livre n'est pas réellement un roman, sans être non plus un recueil de textes. L'auteur a écrit plusieurs textes, chacun sur une ville différente (toutes ayant pour nom un prénom féminin, parfois classique comme Olivia ou Chloé, parfois étrange comme Zemrude ou Foedora, ), qu'il a regroupé sous les thèmes suivants :
- Les villes et la mémoire
- Les villes et le désir
- Les villes et les signes
- Les villes effilées
- Les villes et les échanges
- Les villes et le regard
- Les villes et le nom
- Les villes et les morts
- Les villes et le ciel
- Les villes continues
- Les villes cachées.
Certaines villes m'ont beaucoup plus plu que d'autres. D'autres m'ont paru complètement hermétiques. Et d'autres encore tellement improbables qu'il m'a vraiment fallu faire un effort d'imagination.
Chaque partie du livre commence par un dialogue, ou un échange entre Marco et Khan, et se termine de la même façon.
Sans dire que j'ai préféré ces parties là parce qu'elles me paraissaient plus accessible à l'imaginaire, j'ai vraiment apprécié les dialogues, les images, les questions posées au travers de ces échanges. Surtout quand Marco réussit à raconter ses récits avec rien de plus qu'un simple échiquier.
J'ai beaucoup aimé ce livre parce que ces villes invisibles titillent notre imagination, nous donnent envie de voyager, de s'envoler, de regarder, d'attraper les petits secrets qui font qu'une ville est nôtre.
J'ai beaucoup aimé parce que j'adore la plume de Calvino, qui est pour moi vraiment unique.
Pourtant, je suis sortie de cette lecture en me disant que j'étais passé à côté de quelque chose. Ce n'est pas un roman mais il y a quand même un début et une fin. Clairement dans les échanges du voyageur et de l'empereur, des questions philosphiques restent en supsens.
Je me suis dit : là, il y a une métaphore, quelque chose de plus que le simple fait de nous donner l'envie de voyager et de chérir sa propre ville, quelque chose de plus que le simple fait de nous faire lever les yeux et de voir toutes les merveilles ou toutes les ordures que notre ville a à nous offrir.
Alors, comme j'étais au boulot (oui, bon, maintenant vous le savez tous que je lis au travail ;-)), et que je ne pouvais pas faire mon billet tout de suite (Internet au travail n'est malheureusement pas aussi large qu'on l'aimerait, beaucoup de sites sont bloqués et OB fait parti de ceux-là), j'ai tout de même taper "les villes invisibles" sur google.
Résultat : 367 000 en 0,13 secondes !
Et en cliquant sur quoi, 5 liens maximum, je n'ai pas du tout été satisfaite !
C'est comme si j'avais terminé le livre trop vite, c'est comme si je voulais que Calvino lui-même vienne m'expliquer (pourtant il y a une préface de l'auteur qui justement, explique certaines choses mais pas assez à mon goût), c'est comme si je ne voulais pas que ce livre s'arrête.
Parce qu'au final, tant pis si je suis passée à côté de la métaphore de l'urbanisme et des citadins d'aujourd'hui, j'ai passé un excellent moment à goûter à chacune de 55 villes aux noms alléchants, aux rues envoûtantes, au passé rocambolesque et aux milles et une merveilles qu'on saura voir simplement en fermant les paupières à demi.
Verdict final : j'en veux encore :-)