Il faut qu'on parle de Kevin, Lionel Shriver
Je sais que beaucoup d'entre vous ont déjà lu ce livre ( entre autres : Papillon qui n'a pas aimé, pourquoi ? et Boo chez qui je l'avais noté) mais pour moi c'était une grande première.
Je ne connais rien de cette auteur et ce qui m'avait attiré c'était surtout l'aspect psychologique du livre et les conséquences qu'un acte de barbarie peut avoir sur la mère du meurtrier.
Kevin a tué 7 de ses camarades de classe, 3 jours seulement avant ses 16 ans.
Sa mère, Eva, passe de longs mois à écrire à son mari, Franklin, tout en se remémorant sa vie de couple sans enfant, sa vie de femme mariée, sa vie de mère de Kevin, sa vie de mère de deux enfants à 45 ans.
Au début, j'aimais bien le fait que l'histoire soit racontée au moyen de ces lettres. Mais on oublie souvent qu'il s'agit d'une correspondance car Lionel Shriver remplace simplement les "il a dit" dans les dialogues, par des "tu as dit".
Bon, ce n'est qu'un détail mais j'avoue que ça m'a un peu gênée.
Ce que j'aimais aussi, c'était le fait de ne pas savoir pourquoi Franklin, son mari, ne répond pas : sont ils séparés, divorcés, est-il mort, est-il à l'hôpital ?
Pourquoi lui ne va pas voir son fils en prison alors que c'était lui le plus proche de Kevin ?
Je me suis posée ces questions seulement pendant les premières pages du livre. La seule qui me pendait aux lèvres était la même que tous : Pourquoi ?
Pas "pourquoi Kevin a-t-il tué 7 de ses camarades de classe?" mais plutôt "qu'est ce qui a fait que Kevin est comme ça ?"
Au début, je croyais comprendre pourquoi, quand sa mère avoue certaines choses très désagréables à lire (et encore, je n'ai pas d'enfants!).
Et puis au fur et à mesure, je trouve que tout s'embrouille et je me demande sincèrement si une personne comme ça peut exister.
Mais le côté psychologique du livre m'a plu.
J'ai tout de même trouver cette lecture poignante et très dure (dans tous les sens du terme, je l'ai lu en anglais et j'avoue que là, j'ai dû m'y reprendre à deux fois à certains passages pour être sûre de ne pas avoir mal compris), mais ça ne m'a pas empêché de prendre plaisir à cette lecture.
D'ailleurs, pour celles et ceux qui l'ont lu, je me suis demandé s'il n'y avait pas une grosse erreur de chronologie à un moment donné. Kevin est interviewé par un journaliste dans sa cellule et il dit quelque chose à propos de détourner un avion et de le crasher dans le World Trade Center. Or, cette lettre-là est datée en Mars 2001. Ai-je mal compris ou bien Lionel Shriver s'est elle complètement trompée??
Toujours est-il que j'ai beaucoup aimé. Parce que c'est différent de ce que je lis d'habitude. Parce que ça pourrait être vrai et que dans ces cas-là, on pense toujours aux familles des victimes mais pas forcément aux familles du ou des meurtriers. Parce que Eva et Kevin m'ont accompagné toute une semaine durant et que malgré quelques longueurs, je me suis sentie très proche d'eux.
Et étrangement, très étrangement, ça m'a donné envie d'avoir des enfants ! :-)