La possibilité d'une île, Michel Houellebecq

Je n'avais jamais lu Michel Houellebecq avant.
Et j'ai ressenti exactement la même chose au fur et à mesure que j'avançais dans le livre que lorsque j'ai lu 99 Francs de Frédéric Beigbeder.
Un sujet sur le fond très intéressant mais qui, selon moi, aurait eu le mérite d'être traité différemment.
La possibilité d'une île, c'est la possibilité d'une vie éternelle comme nous le dit si simplement la 4ème de couverture.
Avec ces quelques mots, on s'attend à un livre plein d'espoir.
En fait, au tout début, je n'ai rien compris.
Il y avait Daniel23 qui écrivait quelques lignes incompréhensibles, échangeait des messages avec Marie22, inscrivait une suite de chiffres incompréhensible qu'on découvre plus tard être une adresse IP.
Bon, ça ne dure que quelques pages.
On entre ensuite dans le récit de vie de Daniel.
Et j'ai plutôt été intéressée par celui-ci, surtout à partir du moment où il cotoit pour la première fois les Elohims.
Les Elohims c'est une secte ou une religion qui croit que la vie sur Terre est apparue grâce à des extra terrestres beaucoup plus intelligents que nous qui attendent qu'on leur construise une ambassade... (ça m'a beaucoup fait pensé à stargate SG1 pour ceux qui connaissent la série!)
Et puis on alterne le récit de Daniel et les commentaires de Daniel23 pui Daniel24. On comprend au fur et à mesure que ces deux derniers sont la même personne que Daniel, on comprend que la vie éternelle est.
Les Elohims se sont basé sur des faits uniquement scientifiques, ont gardé l'ADN et après des millénaires sont parvenus à leur fin.
J'ai beaucoup aimé l'idée de mélanger la science à une certaine croyance, à une foi en une religion pour un monde meilleur.
Le sujet est donc en soi très interessant.
Mais le récit de vie de Daniel comporte beaucoup de passage sur sa vie sexuelle, décrit de manière très crue et très franche, ce qui ne me choque pas mais décidement, je n'arrive pas à en comprendre l'intérêt.
On peut facilement voir qu'il a besoin d'amour, qu'il vieillit et que ça lui fait peur, qu'il ne sait plus comment vivre heureux.
Bref, la vie, l'espoir d'une vie éternelle est bel et bien présente.
Et l'idée d'alterner tout au long du roman la vie d'aujourd'hui à celle des "néo-humains" est une très bonne idée.
Mais j'aurai préféré un livre sur les Elohims tout simplement.
Les passages que j'ai préféré sont ceux qui relatent justement les faits de la secte, les rassemblements, les coups médiatiques, les avancées considérales...
Mais malheureusement, nous n'en savons pas beaucoup plus.
Et j'aurai vraiment aimé savoir d'où cette idée est partie, comment elle a évolué, comme une secte de 312 adeptes est devenue une religion de 700 000 croyants... J'aurai aimé qu'on m'explique comment ils sont parvenus à leurs fins, même si ça a pris des millénaires.
J'aurai aimé qu'au lieu d'aborder le fait qu'il y a eu des conflits interhumains et des problèmes climatiques, on m'explique (ou l'on invente peu importe...) la fin de notre monde et la naissance du monde nouveau.
J'aurai aimé qu'on m'explique pourquoi il y a encore des sauvages, j'aurai aimé qu'on m'explique la structure dans laquelle les néo-humains vivent...
Pendant un court temps j'ai cru que la fin du livre allait m'apporter un semblant de réponses à la seule chose qui m'a plu dans ce livre.
En effet, Daniel24 sort de la vie néo-humaine pour rejoindre "le monde réel".
Mais finalement, ça traine en longueur et même si le but du livre, la question existentielle de la vie, de l'amour, du bonheur est bel et bien là, je suis restée sur ma faim.
Alors autant j'ai lu Frédéric Beigbeder à plusieurs reprises, autant je crois que je n'ouvrirai pas Michel Houellebecq avant un certain temps. En plus, parait-il que ces livres sont pleins de désespoirs...