Migraine
Ce soir, je rêve de pouvoir faire tout ce que j’aime les yeux fermés.
Parce que la seule chose qui me procure du bien lorsque j’ai mal à la tête, c’est d’être dans le noir complet.
Mais je n’ai pas envie de rester allongée sur mon lit, un bandeau sur les yeux en attendant que le sommeil vienne à un moment ou un autre. Alors qu’est ce que je dois faire ?
Aller au cinéma ? Impensable. Le simple fait d’aller au cinéma peut me donner mal à la tête. (C’est la raison pour laquelle j’ai mal à la tête aujourd’hui !)
Regarder la télé ? C’est encore pire (tant mieux, je n’ai pas la télé, mais je remplace en général en mettant un DVD sur mon ordinateur ce qui revient au même…)
Lire ? Ça fatigue tellement les yeux !
Ecrire ? Oui, pourquoi pas, mais pas sur l’ordinateur (ce que je suis en train de faire, comme quoi, je cherche à tout prix à faire autre chose que rester allonger sur mon lit les yeux fermés), l’écran est le pire ennemi de mes yeux.
Ecouter de la musique ? Pourquoi pas, mais alors il faut bien régler le volume parce que même si le bruit est moins dérangeant, il reste un obstacle au bien-être physique tant recherché.
Prendre une douche ? Oui, aller prendre une douche me détend. Mais j’adore prendre des douches très chaudes. Et devinez quoi ? La chaleur me donne mal à la tête !
Un bain alors ? Oui, ça détend aussi mais je m’ennuie dans un bain et même si j’avais un écran plat au dessus de la baignoire, la migraine m’empêcherait de regarder quoi que ce soit.
Faire le ménage ? Au moins j’active mon corps en faisant le ménage et je ne pense plus à ma tête. Mais est ce que j’ai vraiment envie de faire le ménage à 21h16 un jeudi soir ? Et pour en rajouter une couche, l’odeur des produits ménagers est parfois tellement forte et désagréable que l’effet recherché en est forcément raté.
Sortir prendre l’air ? Sentir l’air frais qui arrive doucement en ce début de soirée sur mon front, sur ma nuque, dans mes cheveux ? Oui, ça peut faire du bien aussi. Mais dehors il y a du bruit, et il ne fait pas nuit encore, et même s’il faisait nuit, la lumière artificielle des réverbères, des phares de voitures, les néons du métro, les lumières provenant des fenêtres des immeubles sont autant de danger pour mes yeux.
Faire du sport ? Je pourrais faire du sport aussi. Je cours sur place dans mon petit appartement, je fais des mouvements de bras pour forcer mes muscles qui tiennent ma tête sur mes épaules à prendre plus de force. Soyons honnêtes : je n’aime pas ça.
Manger ? Oui, manger me fait toujours du bien quand j’ai mal à la tête. Un des mille médecins que j’ai vu m’a rétorqué un jour: « oui, ce problème vient de votre foie. Donc lorsqu’il voit arriver la bouffe, il est tout excité et vous, vous sentez mieux ! » Merci pour l’explication. Mais vous savez quoi? Ce soir, j’ai déjà mangé, et j’ai bien mangé, alors je n’ai pas faim du tout. Et je n’ai pas envie d’avoir mal à l’estomac pour ne pas avoir mal à la tête.
M’auto-masser ? Vous avez déjà essayé ? Malgré tous les livres que j’ai lus à ce sujet, croyez-moi il faut bien s’y connaître pour réussir l’effet escompté. En plus, étant donné que c’est autour de la nuque que j’ai besoin de massage, le faire moi-même implique forcément le fait de plier mon bras de manière à faire travailler ce muscle ! Autant dire que l’exercice est inutile, même en ayant dévalisé les boutiques spécialisées de bien être pour trouver l’accessoire miracle ! (à vrai dire, je l’ai trouvé cet accessoire : un fauteuil massant qui coûte 2000 euros et qui est aussi grand que le quart de mon petit salon !)
Je crois que j’ai épuisé mes ressources de choses à faire.
Je n’ai pas envie de rester allongée sur mon lit, les yeux fermés, avec un bandeau sur les yeux, de la musique (en ayant pris soin de régler le volume) pour ne pas me sentir trop seule, et d’attendre que le sommeil vienne à un moment ou un autre. Sachant pertinemment que si je m’endors maintenant, je ne dormirais pas plus de 2h et je passerais la nuit réveillée, me maudissant d’avoir laissé le sommeil m’envahir trop tôt.
Alors j’opte pour le sacrifice que je préfère : j’écris.
J’écris pour me détendre, j’écris pour oublier que j’ai mal à la tête. Et au moment où j’écris ces mots, je sens cette barre de fer s’appuyer un peu plus contre mon front, comme si elle voulait que je parle encore un peu plus d’elle.
Et je sais, car ça fait bientôt 10 ans que ces migraines m’accompagnent au collège, au lycée, à la fac, au travail, en soirée avec des amis, dans un tête-à-tête amoureux, un soir de noël en famille, une journée passée seule, que je dois faire ce sacrifice : JE DOIS faire quelque chose.
Je ne peux pas rester allongée sur mon lit, un bandeau sur les yeux, de la musique (en ayant pris soin de régler le volume) pour ne pas me sentir trop seule, et attendre que le sommeil vienne à un moment ou un autre.
Je préfère donc utiliser ces migraines comme source d’inspiration.