Brin de Folie
Je sais, c'est le troisième article que je poste aujourd'hui...
Mais je crois que vous allez comprendre en lisant celui-ci que c'est un réel besoin qui m'habite.
Bonne lecture ;-)
TA GUUUUEEEEEUUUUUULLLEEEEE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ta gueule, ta gueule, ta gueule, ta gueule, ta gueule, ta gueule, TA GUEULE !!!!!!!
Camille a ouvert la fenêtre de sa chambre et a laissé crier toutes ses émotions. Sa voisine folle criait de son côté, quelque chose sur Dieu et le pardon, comme d’habitude. Camille n’a jamais su si elle savait que tout le monde jusqu’à l’immeuble voisin pouvait l’entendre.
« Ta gueule », ce n’est pas que pour sa voisine.
C’est pour son travail. Travail qu’elle a fini par détester tellement il est devenu difficile, alors qu’elle allait toujours travailler avec le sourire quelques mois auparavant.
C’est pour son copain qu’elle aime plus que tout au monde, avec qui elle voudrait vivre tellement de choses alors que lui n’est pas prêt.
C’est pour sa meilleure amie qu’elle déteste à force de l’héberger dans son salon.
C’est un « Ta gueule » à tout ce qu’elle aime et tout ce qu’elle hait.
Camille s’est rendu compte en criant qu’elle haïssait tout ce qu’elle aimait.
Elle s’est laissé tomber sur un pouf qui avait l’air d’être mis à cet endroit spécialement à cet effet. Ce genre de gros pouf en cuir dans lequel on aime se blottir au bord du feu, un livre à la main, une couverture bien chaude, voyant du coin de l’œil le ciel étoilé qui nous sourit.
Cette fois-ci Camille s’est avachie dessus sans ne plus rien comprendre.
Elle a pleuré, pleuré, pleuré. Pleuré des larmes incontrôlables. Pleuré encore et toujours. Les larmes lui mouillaient le visage, les joues, les lèvres, le menton, le cou. Elle ne pensait plus à rien, elle pleurait, c’est tout.
Elle respirait par à coup en même temps, en criant à certains moments, restant assise là, seule, hébétée, ne pouvant s’arrêter de pleurer comme un bébé qui meurt de faim. Un bébé qui veut se faire entendre quand elle entend en face des psaumes et versets de la Bible.
Elle s’est levée, a cherché son téléphone portable, cherchant quelqu’un à appeler : sa sœur, sa mère ? Son copain ? Personne. Elle n’avait envie de parler à personne.
Elle s’est avachie à nouveau sur le pouf, lâchant le téléphone par terre, prenant ses genoux dans ses bras, se levant, se rasseyant, ouvrant la fenêtre, fermant la fenêtre, allant chercher un mouchoir, trébuchant sur la poubelle.
Et puis elle est passée devant le miroir.
Et elle a vu son reflet.
Ses cheveux étaient complètement ébouriffés, il y avait des nœuds partout, on aurait presque cru qu’elle ne s’était pas lavé les cheveux depuis des mois.
Son mascara avait coulé absolument partout. Elle avait des grains noirs collés sur sa peau juste en dessous des paupières, de longues traces noires et grises le long de ses joues.
Elle était en pyjama. Un jogging qu’elle avait acheté en s’étant promis d’aller courir et avec lequel elle n’avait jamais fait que dormir.
Un tee-shirt blanc qu’on ne voyait que dépasser du col de ce pull de garçon beaucoup trop grand qu’elle avait piqué à un ex très lointain.
Camille a regardé son reflet de femme préhistorique, toujours sous fond de folie criant le pardon et l’abstinence et elle s’est mise à rire.
Elle a ri à gorge déployée, ri d’elle-même, ri de ce qu’elle voyait dans le miroir. Ri sans cesse et toujours.
Elle riait plus fort qu’elle n’avait pleuré, elle riait plus fort qu’elle n’avait crié.
Elle était tordue de rire, pliée en deux.
Elle est partie dévorée un pot de nutella, toujours en riant, sans se changer, sans se démaquiller. Elle riait tellement qu’elle s’est mise à en pleurer.
Camille a laissé le pot de nutella ouvert sur la table de la cuisine, une cuillère à soupe prête à engendrer le mont Everest du réconfort féminin et elle a décidé de prendre une douche.
Elle n’entendait plus rien.
L’eau chaude lui coulait sur le crâne, lavant ses cheveux, ses pleurs, ses rires et son mascara du visage. L’eau chaude lui brûlait la peau mais elle s’en fichait, elle avait froid, très froid.
Elle est restée sous la douche jusqu’à ce que son ballon d’eau chaude soit complètement vidé. Assez longtemps pour qu’elle soit elle-même vidée de toutes ces émotions qui lui ont fait se rendre compte qu’elle détestait tout ce qu’elle aimait.
Une fois sortie de la douche, les cheveux propres et lissés, le visage sentant bon le doux savon au lait d’amande douce et non plus l’odeur salée et amère des larmes qu’elle a versé, Camille s’est enroulée d’une grande serviette chaude qui lui rappelait les câlins de son enfance.
Elle s’est assise à son bureau, elle a allumé l’ordinateur, elle a lancé Itunes et a cliqué sur « musique classique ».
Elle a choisi Bolero de Ravel, a fermé les yeux et a écouté la musique s’enchaîner d’abord tout doucement, puis plus violemment, toujours aussi belle, pendant 13 minutes.
Elle a ensuite laissé Bethoveen, Mozart, Bach et autres Vivaldi la calmer.
Elle a ouvert le dernier tiroir de son bureau. Celui qu’elle aurait voulu fermer à clef car c’est là que se trouvait la clef de son cœur : des carnets, des feuilles, des cahiers d’écolier, des petits, des grands, des gros, tous remplis et noircis des textes que Camille écrivait en cachette, souvent la nuit, la plupart du temps au son d’une musique qu’elle aimait bien.
Ces carnets étaient pleins de la vie de Camille, retranscrits sous forme de nouvelles, romans, récits, avec des « elle » des « je », des personnages qui s’appelaient indifféremment Eloïse, Camille, Carla, Isabelle ou encore Ava.
Il y avait des odes à sa famille, des écrits de colère, des écrits de joie, des essais de romans, des essais tout courts, des poèmes parfois.
Des histoires d'amour, souvent, des essais philosophiques parfois, de temps en temps une page de journal intime.
Il y avait des chansons, des poèmes, des courts textes qui n’étaient pas de la plume de Camille mais qu’elle avait jugé bon de garder dans un coin car ils lui avaient donné, à un moment ou à un autre, un peu d’espoir ou de joie.
Elle choisit un carnet qu’elle aimait particulièrement et qu’elle n’avait encore jamais utilisé: un carnet bleu, dont la couverture offrait une magnifique plume d’écrivain.
En l’ouvrant, Camille découvrit des pages encore blanches, simplement coupées régulièrement de lignes droites qui allaient l’aider à prendre la plume et à ne pas déborder, à ne pas écrire n’importe quoi, à suivre un chemin sans obstacles.
Elle ouvrit le carnet et écrit de sa plus belle plume sur la première page: "Brin de Folie"
Mais je crois que vous allez comprendre en lisant celui-ci que c'est un réel besoin qui m'habite.
Bonne lecture ;-)
TA GUUUUEEEEEUUUUUULLLEEEEE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ta gueule, ta gueule, ta gueule, ta gueule, ta gueule, ta gueule, TA GUEULE !!!!!!!
Camille a ouvert la fenêtre de sa chambre et a laissé crier toutes ses émotions. Sa voisine folle criait de son côté, quelque chose sur Dieu et le pardon, comme d’habitude. Camille n’a jamais su si elle savait que tout le monde jusqu’à l’immeuble voisin pouvait l’entendre.
« Ta gueule », ce n’est pas que pour sa voisine.
C’est pour son travail. Travail qu’elle a fini par détester tellement il est devenu difficile, alors qu’elle allait toujours travailler avec le sourire quelques mois auparavant.
C’est pour son copain qu’elle aime plus que tout au monde, avec qui elle voudrait vivre tellement de choses alors que lui n’est pas prêt.
C’est pour sa meilleure amie qu’elle déteste à force de l’héberger dans son salon.
C’est un « Ta gueule » à tout ce qu’elle aime et tout ce qu’elle hait.
Camille s’est rendu compte en criant qu’elle haïssait tout ce qu’elle aimait.
Elle s’est laissé tomber sur un pouf qui avait l’air d’être mis à cet endroit spécialement à cet effet. Ce genre de gros pouf en cuir dans lequel on aime se blottir au bord du feu, un livre à la main, une couverture bien chaude, voyant du coin de l’œil le ciel étoilé qui nous sourit.
Cette fois-ci Camille s’est avachie dessus sans ne plus rien comprendre.
Elle a pleuré, pleuré, pleuré. Pleuré des larmes incontrôlables. Pleuré encore et toujours. Les larmes lui mouillaient le visage, les joues, les lèvres, le menton, le cou. Elle ne pensait plus à rien, elle pleurait, c’est tout.
Elle respirait par à coup en même temps, en criant à certains moments, restant assise là, seule, hébétée, ne pouvant s’arrêter de pleurer comme un bébé qui meurt de faim. Un bébé qui veut se faire entendre quand elle entend en face des psaumes et versets de la Bible.
Elle s’est levée, a cherché son téléphone portable, cherchant quelqu’un à appeler : sa sœur, sa mère ? Son copain ? Personne. Elle n’avait envie de parler à personne.
Elle s’est avachie à nouveau sur le pouf, lâchant le téléphone par terre, prenant ses genoux dans ses bras, se levant, se rasseyant, ouvrant la fenêtre, fermant la fenêtre, allant chercher un mouchoir, trébuchant sur la poubelle.
Et puis elle est passée devant le miroir.
Et elle a vu son reflet.
Ses cheveux étaient complètement ébouriffés, il y avait des nœuds partout, on aurait presque cru qu’elle ne s’était pas lavé les cheveux depuis des mois.
Son mascara avait coulé absolument partout. Elle avait des grains noirs collés sur sa peau juste en dessous des paupières, de longues traces noires et grises le long de ses joues.
Elle était en pyjama. Un jogging qu’elle avait acheté en s’étant promis d’aller courir et avec lequel elle n’avait jamais fait que dormir.
Un tee-shirt blanc qu’on ne voyait que dépasser du col de ce pull de garçon beaucoup trop grand qu’elle avait piqué à un ex très lointain.
Camille a regardé son reflet de femme préhistorique, toujours sous fond de folie criant le pardon et l’abstinence et elle s’est mise à rire.
Elle a ri à gorge déployée, ri d’elle-même, ri de ce qu’elle voyait dans le miroir. Ri sans cesse et toujours.
Elle riait plus fort qu’elle n’avait pleuré, elle riait plus fort qu’elle n’avait crié.
Elle était tordue de rire, pliée en deux.
Elle est partie dévorée un pot de nutella, toujours en riant, sans se changer, sans se démaquiller. Elle riait tellement qu’elle s’est mise à en pleurer.
Camille a laissé le pot de nutella ouvert sur la table de la cuisine, une cuillère à soupe prête à engendrer le mont Everest du réconfort féminin et elle a décidé de prendre une douche.
Elle n’entendait plus rien.
L’eau chaude lui coulait sur le crâne, lavant ses cheveux, ses pleurs, ses rires et son mascara du visage. L’eau chaude lui brûlait la peau mais elle s’en fichait, elle avait froid, très froid.
Elle est restée sous la douche jusqu’à ce que son ballon d’eau chaude soit complètement vidé. Assez longtemps pour qu’elle soit elle-même vidée de toutes ces émotions qui lui ont fait se rendre compte qu’elle détestait tout ce qu’elle aimait.
Une fois sortie de la douche, les cheveux propres et lissés, le visage sentant bon le doux savon au lait d’amande douce et non plus l’odeur salée et amère des larmes qu’elle a versé, Camille s’est enroulée d’une grande serviette chaude qui lui rappelait les câlins de son enfance.
Elle s’est assise à son bureau, elle a allumé l’ordinateur, elle a lancé Itunes et a cliqué sur « musique classique ».
Elle a choisi Bolero de Ravel, a fermé les yeux et a écouté la musique s’enchaîner d’abord tout doucement, puis plus violemment, toujours aussi belle, pendant 13 minutes.
Elle a ensuite laissé Bethoveen, Mozart, Bach et autres Vivaldi la calmer.
Elle a ouvert le dernier tiroir de son bureau. Celui qu’elle aurait voulu fermer à clef car c’est là que se trouvait la clef de son cœur : des carnets, des feuilles, des cahiers d’écolier, des petits, des grands, des gros, tous remplis et noircis des textes que Camille écrivait en cachette, souvent la nuit, la plupart du temps au son d’une musique qu’elle aimait bien.
Ces carnets étaient pleins de la vie de Camille, retranscrits sous forme de nouvelles, romans, récits, avec des « elle » des « je », des personnages qui s’appelaient indifféremment Eloïse, Camille, Carla, Isabelle ou encore Ava.
Il y avait des odes à sa famille, des écrits de colère, des écrits de joie, des essais de romans, des essais tout courts, des poèmes parfois.
Des histoires d'amour, souvent, des essais philosophiques parfois, de temps en temps une page de journal intime.
Il y avait des chansons, des poèmes, des courts textes qui n’étaient pas de la plume de Camille mais qu’elle avait jugé bon de garder dans un coin car ils lui avaient donné, à un moment ou à un autre, un peu d’espoir ou de joie.
Elle choisit un carnet qu’elle aimait particulièrement et qu’elle n’avait encore jamais utilisé: un carnet bleu, dont la couverture offrait une magnifique plume d’écrivain.
En l’ouvrant, Camille découvrit des pages encore blanches, simplement coupées régulièrement de lignes droites qui allaient l’aider à prendre la plume et à ne pas déborder, à ne pas écrire n’importe quoi, à suivre un chemin sans obstacles.
Elle ouvrit le carnet et écrit de sa plus belle plume sur la première page: "Brin de Folie"